Cette première photo, je la dédie à mon père. Car c'est avec lui que j'ai appris, lors de nos escapades en vélo ou en montagne, le goût de l'effort, de la persévérance et surtout à aller jusqu'au but fixé. Ma première observation du brame remonte à Octobre 2012 dans le Vercors. Depuis je désirais approcher cet animal farouche et il m'a fallu en rêver, essayer, échouer, apprendre de mes erreurs et recommencer pour enfin aboutir six ans plus tard.
Ce matin là, mon rêve allait se réaliser.
Je patientais caché par des troncs de noisetiers et ma tenue de camouflage. Dans un parfait silence une biche est apparue, remontant la pente, juste en dessous de moi, suivie de deux autres biches et d'un faon. Elles ont rapidement gravi la distance qui nous séparait si bien qu'elles sont arrivées à quelques mètres de mon poste d'affût. Mon coeur bondissait ; il fallait absolument que je maîtrise ma respiration et que je me calme. Une expérience précédente (*) m'avait enseigné que c'était primordial ! Soudain je vis apparaître une ramure. C'était un magnifique cerf. Il suivait une biche de très près. Il devait baisser la tête et la pencher tantôt à droite ou à gauche pour se faufiler à sa suite sous les branchages. Le couple s'est éloigné hors de ma vue caché par des arbres. C'est alors que des claquements de bois et un bruit de sabots ont déchiré le silence : un autre mâle convoitait la biche. Masquée par les feuillages, je devinais plus que je n' observais la scène. C'est alors que les deux cerfs firent leur apparition en contre-bas. Cela n'a duré que quelques secondes, pour se terminer par un raire de victoire. Le vainqueur est ensuite revenu vers les biches d'un pas lent et assuré, jusqu'à atteindre ma hauteur et venir se coucher dans une souille pour prendre un peu de repos. C'est alors que j'ai pu immortaliser cet instant.
Ebahi par ces observations j'en oubliais la présence des biches. Je constatais alors avec stupéfaction que l'une d'elle me regardait fixement peut-être depuis quelques secondes car pour suivre le cerf dans mon objectif, j'avais dû pivoter sur moi même, mi couché-mi assis et ce mouvement l'avait intriguée ...
Heureusement, j'étais à bon vent, mais il ne fallait plus bouger d'un cheveux !
Le cerf s'est finalement relevé tranquillement et a amorcé un retour sur ses pas.
Ne pouvant pas maintenir ma position devenue trop douloureuse je me résignais à retrouver une position moins inconfortable. Ce fut suffisant pour attiser la méfiance de la vigie qui décida de s'éloigner rapidement entraînant avec elle toute la harde. Mais son regard exprimait plus d'interrogation que de peur : n'ayant pas réussi à discerner ce qui se cachait derrière ces mouvements elle a préféré la prudence à la témérité. Une trentaine de mètres plus bas elles ont stoppé leur marche pour emprunter une sente transversale, toujours suivies par le cerf.
Quelle rencontre !
(*) C' était en Septembre 2014 , en Maurienne : un cerf m'avait contourné à bon vent ; il humait l'air cou tendu en avant avançant prudemment, sans bruit ; je voyais s'ouvrir ses nasaux et j'entendais le souffle de sa respiration ; tout à coup il me regarda fixement ; je l'avais plein cadre en mode portrait , il était magnifique avec ses bois , son museau humide, ses yeux brillants et ses oreilles braquées sur moi ; je tremblais tant que mon image n'était pas stabilisée ; il me regardait fixement, je n'osais pas appuyer sur le déclencheur de peur qu'il soit effrayé par le déclenchement de l'appareil. Puis je me suis laissé agacé par un filet de camouflage venu devant l'objectif par un coup de vent. J'ai voulu le décaler tout doucement de la main gauche ... Grave erreur. D'un bond en arrière il quittait mon viseur !
Je tiens aussi à remercier toutes les personnes qui par leurs conseils m'ont aidé à faire ces rencontres et vivre ces instants inoubliables : Damien, menuisier ; François et Maryse, agriculteurs. Producteurs de viande bovine il la vendent en direct à "La Ferme de Jean" ; Arlette et Bernard ARVIN-BEROD, agriculteurs et gardiens du refuge du plan de l'AAR. Cuisine savoureuse ; Guillaume Colombet , photographe animalier de talent, bon formateur. Je vous recommande la visite de son site.
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